Serge Livrozet biography
Date of birth : 1939-10-21
Date of death : -
Birthplace : Toulon, France
Nationality : Française
Category : Famous Figures
Last modified : 2010-10-23
Credited as : écrivain, romans La Rage des murs , 1976, Nice , baie d'aisance, 1997
0 votes so far
Serge Livrozet commence à travailler à 13 ans et demi. Il apprend le métier de plombier. Engagé à 18 ans dans l'armée de l'air, il devient maître de chien.
En 1961, il crée une entreprise de publicité. Escroqué par son associé, il cambriole sa propre société, puis commet des vols sur la Côte d'Azur dans de riches villas. Arrêté, il est condamné à cinq ans de prison.
Incarcéré à 22 ans à la centrale de Loos-les-Lille, il passe le bac et devient instituteur des détenus. Le désir d'écrire pour à la fois témoigner et s'évader commence à le tenailler.
Libéré en octobre 1965, il rencontre sa femme et, tout en continuant d'écrire, exerce le métier de démonstrateur dans les foires. Son casier judiciaire lui interdit de pratiquer toute autre profession commerciale. Dès cette époque, il analyse la délinquance d'un point de vue politique et économique.
En 1967, il adhère à la CNT, affichant par cet engagement, ses idées libertaires. En Mai 1968, il sera l'un des premiers à occuper la Sorbonne et sera blessé par une grenade offensive. La tournure des événements le déçoit, mais il continue de s'affirmer libertaire.
Il décide dès ce moment de « politiser son illégalité » et choisit de manière lucide de s'en prendre au capital et à ses coffres-forts, afin de pouvoir créer une entreprise d'édition indépendante lui permettant d'exprimer les idées auxquelles il croit.
Arrêté en décembre 1968, il passe en cour d'assises pour « crime contre la propriété », sans jamais avoir blessé ou menacé qui que ce soit. Il est condamné à quatre ans de prison, la moitié à la Santé, le reste à la centrale de Melun. Il profite de ce nouveau séjour en prison pour écrire, étudier et passer le diplôme d'études comptables supérieures. Ce qui ne l'empêche pas de participer à l'organisation des premières revendications politiques des détenus, notamment dans l'imprimerie de la centrale (deuxième imprimerie d'Etat après l'imprimerie nationale). Un tract appelle les détenus à une grève sans violence.
A sa sortie de prison, en juillet 1972, il rencontre Michel Foucault, avec lequel il correspondait et qui devient son ami.
En novembre 1972, ils fondent ensemble le Comité d'Action des Prisonniers (CAP).
Farouche opposant à la peine de mort, il cesse à la même époque sa collaboration à La Cause du Peuple, dirigée par Serge July, qui réclamait la peine de mort contre le collaborateur Touvier.
Il participe à la création de Libération, avec Michel Foucault, Maurice Clavel, Jean-Paul Sartre, Marin Karmiz, Claude Mauriac, Philippe Gavi etc.
Un mois plus tard, Serge July, encore maoïste, arrive au journal. Serge Livrozet cesse alors de participer à la création de Libération.
Début 1973, il publie son premier livre au Mercure de France, De la prison à la révolte, préfacé par Michel Foucault, qui parle à son sujet de « philosophie du peuple ». Pour la première fois, le système carcéral est analysé du point de vue politique, économique et idéologique par un ex-détenu. Depuis cette date, ce livre n'a jamais cessé d'être réédité.
Directeur du centre socioculturel de Bièvres de 1973 à 1974, grâce au soutien de sa femme Annie et de collaborateurs dévoués, il accueille et subvient durant plusieurs mois aux besoins d'une cinquantaine de familles chiliennes réfugiées en France après le coup d'état de Pinochet.
Licencié, Il devient travailleur indépendant et assure la gestion d'une dizaine d'entreprises.
En juin 1974, il est appelé à témoigner à Colmar en faveur d'un détenu accusé d'avoir giflé un juge de l'application qui refusait de l'écouter. Le détenu écope un an de prison ferme qui s'ajoute à sa précédente condamnation. Outré par la démesure de la sentence, Livrozet crie en plein tribunal : « Pourriture de justice française ! » Arrêté sur le champ, loin de se rétracter, ainsi que le lui conseille l'avocat du détenu, il confirme ses propos. Le tribunal le condamne séance tenante à deux mois de prison ferme. Le Canard enchaîné titrera à ce propos : « Les insultés jugent l'insulteur. » il interjette aussitôt appel et demeure libre.
Deux mois plus tard, à l'occasion du jugement devant la cour d'appel, le CAP organise à Colmar dans une salle de cinéma de la ville « les assises de la justice ». Plusieurs centaines de personnes et plus de vingt organisations politiques et syndicales se rendent à Colmar pour le soutenir. Surpris par l'ampleur du mouvement en plein mois d'août, les journaux locaux relèvent qu'il y a plus de CRS dans la ville que durant la guerre d'Algérie.
Dans la salle d'audience archicomble, à la surprise des magistrats eux-mêmes, Livrozet paraît se rétracter : « Je n'aurais pas dû dire pourriture de justice française. » Et d'ajouter dans la foulée : « Mais pourriture de toutes les justices, la française, la russe, l'américaine etc. » Sa peine est ramenée à 213 euros (1.400 francs de l'époque).
En 1975, afin de dénoncer les quartiers de haute sécurité, le CAP organise une marche sur Mende (qualifiée à cette occasion de « chef lieu de la Lozère et de la torture »).
En 1976, Le CAP coordonne la première manifestation contre la peine de mort. Elle rassemble 10.000 personnes à Paris.
Enumérer les actions auxquelles il a participé depuis 1968 sortirait du cadre forcément restreint de cette biographie sommaire. Mais, ainsi qu'il se plaît à le dire : « l'heure de mes mémoires n'a pas encore sonné. »
Au cours des années, il a collaboré à divers journaux et contribué à la création de nombreux mouvements de libération et de lutte pour plus de justice sociale.
Il a participé à des centaines de débats, à de nombreuses émissions radiophoniques et télévisées en France et en Europe, ainsi qu'à plusieurs commissions. La dernière en date concerne la réforme de la Cour d'assises.
Réhabilité en 1983, il continue de militer, d'écrire, d'animer divers débats, de rédiger et de dire des sketches, de mener des actions en faveur d'une humanisation des conditions de détention et d'une analyse économique et politique des causes réelles de la délinquance.
Il a animé durant plusieurs années une émission hebdomadaire (Humeur Noire) sur Radio Libertaire.
En 1981, il crée une maison d'édition qui fonctionne selon une conception qui lui est chère : l'absence de hiérarchie salariale.
Accusé en 1986 d'être le « cerveau » d'une contrefaçon de billets de banque pour un montant de 70 millions de francs. En 1989, il passera une nouvelle fois devant la cour d'assises pour « crime », mais sera acquitté. Les neuf mois de détention provisoire qu'il effectue à cette occasion entraîneront la perte de sa maison d'édition. En dépit de son acquittement et sans aucune explication, il ne percevra aucune indemnisation. Ce qui ne fait que le conforter dans la piètre idée qu'il se fait de la justice lorsqu'elle concerne les plus modestes, surtout lorsqu'ils osent afficher leur contestation.
Il anime des ateliers d'écriture dans des milieux défavorisés. Ce qui a permis à des élèves du lycée de Saint-Ouen de co-écrire Le Poulpe au lycée, édité aux éditions Baleine.
Il côtoie le milieu cinématographique en assurant la fonction de conseiller technique dans le film Femme de voyou réalisé par Georges Birchansky et tiré du livre du même nom écrit par sa femme.
En 2000, remarqué à la télévision par Laurent Cantet, le réalisateur de Ressources humaines, il tourne dans L'Emploi du temps, et obtient à ce titre aux Etats-Unis, en 2002, le prix du meilleur second rôle au festival du film étranger.
Il collabore actuellement à divers journaux sous forme de nouvelles ou d'articles d'humeur, tout en préparant un nouveau livre.
Bibliographie
1973 : De la prison à la révolte, essai, éditions Mercure de France
1973 : Diego ou la vie d'un chien de guerre, roman, éditions Mercure de France
1976 : La Rage des murs, roman, éditions Mercure de France
1977 : Hurle ! essai, éditions Presses d'aujourd'hui
1978 : Aujourd'hui, la prison, document, éditions Hachette
1980 : Le Sang à la tête, roman, éditions Lettres libres
1980 : Jéva de Nazareth, roman fantastique, éditions Lettres libres
1981 : La Rue aux ours, contre-enquête, éditions Lettres libres
1982 : Lettre d'amour à l'enfant que je n'aurai pas, pamphlet, éditions Lettres libres
1987 : La Dictature démocratique, essai, éditions Lettres libres
1989 : L'Empreinte, témoignage, éditions La Brèche
1992 : L'Outrage en plus, roman noir, éditions Manya
1995 : La Femme truquée, roman noir, éditions Encrages, collection les Belles lettres
1997 : Nice, baie d'aisance, roman, éditions Baleine