Jacques-Henri Bernardin biography
Date of birth : 1737-01-19
Date of death : 1814-01-21
Birthplace : Le Havre, France
Nationality : Française
Category : Famous Figures
Last modified : 2010-06-20
Credited as : Écrivain et botaniste, Études de la nature 1784, Voyage en Sibérie
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Montrant dès lenfance un esprit à la fois rêveur et aventureux, goûtant les charmes de la nature, désireux de linconnu, Bernardin de Saint-Pierre avait un caractère inquiet, irritable, facilement rebuté par les difficultés et les devoirs.
Après avoir appris chez un curé, à Caen, les éléments des langues anciennes, il lut avidement Robinson Crusoé, et demanda à voyager sur la mer. Un de ses oncles, capitaine de navire, qui allait à la Martinique, le prit à son bord ; les fatigues de la navigation et le service des manuvres auquel on lastreignit firent bientôt tomber ses illusions.
Ramené au Havre et dégoûté de la vie maritime, il fut mis au collège chez les Jésuites de Caen. Il sy exalta à la pensée daller au loin convertir les peuples barbares ; son père calma cet enthousiasme en le renvoyant faire sa philosophie au collège de Rouen. Il entra ensuite à lÉcole des ponts et chaussées, doù il passa dans le corps de jeunes ingénieurs que le ministre de la guerre avait établi à Versailles.
Envoyé en cette qualité à larmée qui était à Düsseldorf, sa susceptibilité et son insubordination le firent destituer. Il retourna au Havre, où son père sétait remarié. Ne pouvant saccorder avec sa belle-mère, il vint à Paris en 1760, presque sans ressources. Lannée suivante il demanda à être envoyé comme ingénieur à lîle de Malte, que menaçaient les Turcs et lobtint, mais, la guerre nayant pas lieu, il rentra à Paris avec lintention denseigner les mathématiques.
Ne trouvant pas délèves, et pour échapper à la misère, il proposa au ministre de la marine, daller lever le plan des côtes dAngleterre, proposition qui resta sans réponse. Il résolut alors de tenter la fortune à létranger et, ayant emprunté quelque argent, il partit pour la Hollande, et de là se rendit à Saint-Pétersbourg, plein despoir dans la bienveillance connue de limpératrice Catherine pour les Français.
Pourvu dune sous-lieutenance dans le corps du génie, il ne parvint pas à faire agréer au gouvernement le projet dune Compagnie pour la découverte dun passage aux Indes par la Russie.
Passé en Pologne pour soutenir la cause de Radziwill contre Poniatowski, il rencontra à Varsovie la belle princesse Marie Miesnik, et conçut pour elle une passion dont les « fureurs » le firent congédier au bout de quelques mois. Parti pour Dresde avec lintention de se mettre au service de la Saxe il se rendit, à la suite de laventure galante la plus romanesque qui se puisse concevoir, à Berlin, où il ne put se fixer, et rentra en France en novembre 1766.
Sans ressources, chargé de dettes, solliciteur partout éconduit, Bernardin est alors sur le point déchanger sa vie aventureuse contre celle décrivain. Il se retire à Ville-d'Avray, y loue une chambre chez le curé, met en ordre ses observations et ses souvenirs de voyage et rédige des Mémoires sur la Hollande, la Russie, la Pologne, la Saxe, la Prusse.
Ces projets littéraires encore retardés, il sollicita et obtint un brevet de capitaine-ingénieur pour lÎle de France et partit en 1768. Il y resta trois ans. Revenu à Paris en juin 1771, il se mit à fréquenter la Société des gens de lettres. DAlembert le présenta dans le salon de Julie de Lespinasse mais il y réussit mal et se trouva en général déplacé dans le monde des encyclopédistes.
Il se lia, grâce à dintimes analogies, plus étroitement avec Jean-Jacques Rousseau avec lequel il allait se promener à la campagne où ils sentretenaient longuement ensemble sur la nature et lâme humaine. Bernardin cherchait à adoucir la noire mélancolie du philosophe et en était atteint lui-même. Dans le préambule de lArcadie, il se peint cherchant la solitude : « À la vue de quelque promeneur dans mon voisinage, je me sentais tout agité, je méloignais En vain jappelais la raison à mon secours, ma raison ne pouvait rien contre un mal qui lui volait ses propres forces. »
Cependant il avait publié en 1773 son Voyage à lÎle de France, à lÎle Bourbon, au cap de Bonne-Espérance, par un officier du roi (Amsterdam et Paris, 1773, 2 vol. in-8°), récit sous forme de lettres à un ami où transparaissent déjà les principales lignes de son talent, et il préparait la publication de ses Études de la nature.
Il passa tout lhiver de 1783 à 1784 à recopier cet ouvrage, à y ajouter, à y retrancher. « Lours, disait-il, ne lèche pas son petit avec plus de soin. Je crains, à la fin, denlever le museau au mien à force de le lécher ; je ny veux plus toucher davantage. »
Après la publication des Études (3 vol., 1784), lauteur, inconnu, rebuté et indigent la veille, passa en quelques jours à létat de grand homme et de favori de lopinion. Tout ce qui sortait de sa plume était assuré du succès ; des pages comme celles de Paul et Virginie (1787), qui ne rencontre pas, à ses débuts, laccueil espéré et que, sans lintervention du peintre Vernet, il aurait certainement détruit.
En 1792, à lâge de cinquante-cinq ans, il épousa Félicité Didot, qui nen avait que vingt-deux. La même année, il fut nommé intendant du Jardin des Plantes de Paris en remplacement de Buffon, place qui fut supprimée en 1793.
Appelé, vers la fin de 1794, à professer la morale à lÉcole normale de lan III instituée par la Convention, il ne parut que deux ou trois fois dans sa chaire et, malgré les applaudissements, reconnut quil navait pas le talent de la parole.
En 1795, il fut nommé membre de lInstitut de France, dans la classe de langue et de littérature, où il eut souvent des discussions vives et pleines daigreur avec ceux de ses collègues quil appelait les athées, Naigeon, Volney, Morellet, Cabanis. Il soutint, à partir de 1797, le culte révolutionnaire de la théophilanthropie visant à renforcer la République en remplaçant le catholicisme par une autre religion. Lauréat de lAcadémie de Besançon, il fut élu de lAcadémie française en 1803.
Ayant perdu sa première femme, il épousa, en 1800, Désirée de Pelleport, jeune et jolie personne qui calma ses dernières années avant sa mort dans sa campagne dÉragny, sur les bords de lOise. De son premier mariage, il eut deux enfants : Paul, mort jeune, et Virginie, mariée au général de Gazan. Sa seconde femme se remaria à Aimé Martin.
Uvres
Voyage à lÎle de France, à lîle Bourbon et au cap de Bonne-Espérance, 2 vol. (1773)
LArcadie (1781)
Études de la nature (3 vol.) (1784)
Paul et Virginie (1787)
La Chaumière indienne (1790)
Le Café de Surate (1790)
Les Vux dun solitaire (1790)
De la nature de la morale (1798)
Voyage en Sibérie (1807)
Harmonies de la nature (3 vol.) (1815)